L’éthique en analyse d’affaires : responsabilité, conscience et choix stratégique
Faire le bien ou faire le mal ? Une question trop absente
En tant qu’analyste d’affaires, nous sommes appelés à proposer des solutions aux décideurs selon les exigences et les besoins identifiés. Mais qu’en est-il lorsque les objectifs stratégiques sont en tension avec les principes éthiques ?
Trop souvent, nous célébrons le rôle de l’analyste comme moteur du changement positif. Pourtant, ce même rôle est tout aussi présent dans des projets aux impacts discutables, voire dangereux.
Le pouvoir d’amplifier… le bien comme le mal
Oui, nous contribuons à améliorer des systèmes hospitaliers, des ONG, l’expérience client. Mais nous contribuons aussi à des projets où les impératifs financiers dictent des solutions biaisées ou nuisibles : reconnaissance faciale injuste, IA discriminante, ou applications qui exploitent les vulnérabilités humaines.
Questions éthiques à ne pas éviter
1. Quel est l’impact réel sur le bien-être de l’utilisateur ?
Se centrer sur le client, c’est aussi se préoccuper de son bien-être. L’exemple de la whistleblower de Meta l’illustre : les décisions prises ne visaient pas à protéger la santé mentale, mais à maximiser l’engagement, peu importe les conséquences.
2. Les règles d’affaires sont-elles discriminatoires ?
Trop de modèles s’appuient sur des données biaisées. L’exemple des algorithmes de crédit aux États-Unis révèle des biais hérités de décennies de ségrégation. L’analyste d’affaires doit identifier ces failles et les corriger à la source.
3. Les données sont-elles collectées de façon éthique ?
Accéder aux données d’un client est un privilège. Nous devons aller bien au-delà du strict minimum. L’analyste d’affaires a le devoir de défendre la vie privée et la protection des données à toutes les étapes du projet.
4. La solution met-elle les utilisateurs en danger ?
De Boeing aux objets connectés facilement piratables, les conséquences de décisions d’affaires mal alignées avec la sécurité sont bien réelles. Il faut se poser la question : “Est-ce que mes utilisateurs seront mis en danger par cette solution ?”
Responsabilité morale et pouvoir d’agir
Le statu quo n’est jamais neutre. Une solution non-éthique doit être questionnée — et si nécessaire, refusée. L’analyste d’affaires a le droit (et même le devoir) de se retirer d’un projet qu’il juge contraire à ses valeurs.
Car au final, peu de salaires égalent une conscience tranquille. Et aucun salaire ne rachète la conscience d’avoir collaboré à faire le mal.
Analyse d’affaires ou lettre inutile ? Réflexions stratégiques sur la communication des politiques de confidentialité
Vous le savez, je ne peux m'empêcher de faire de l’analyse d’affaires (et de jouer au gérant d’estrade) lorsqu’une organisation communique une décision affectant ses clients. Et cette semaine, c’est une lettre reçue de ma banque qui a attiré mon attention.
Quel était l’objectif réel de cette lettre ?
Officiellement, il s’agissait de nous aviser de changements à la politique de confidentialité des renseignements personnels. Jusque-là, rien d’anormal. On peut supposer que l’envoi est lié à la Loi 64 (Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels, LQ 2021, c 25).
Mais en tant que client, je me pose une question simple : était-ce vraiment nécessaire de m’envoyer une lettre physique ? L’objectif était peut-être louable, mais l’exécution m’a laissé perplexe.
Un message flou, sans valeur claire pour le client
Le message principal était difficile à cerner. Pourquoi me parle-t-on de mes renseignements personnels, et pourquoi maintenant ? Il n’y avait aucune mention explicite de la Loi 64 — ce qui aurait rassuré et contextualisé le message. En tant que lecteur, j’ai eu l’impression qu’on me cachait quelque chose.
La lettre évoquait aussi une “expérience client optimisée de la gestion des renseignements personnels”. Franchement… Qui a demandé ça ? Comme client, je m’attends à une gestion responsable et éthique de mes données, pas à devoir les gérer moi-même.
Un exemple à suivre : Google
Google, par exemple, partage régulièrement ses changements de politique via une interface claire et conviviale. Voici un exemple de politique bien présentée.
Ce type d’approche offre :
- Une notification directement dans le compte utilisateur
- Un résumé clair des changements (une phrase par point)
- Un lien vers des explications simplifiées et vulgarisées
- Et ensuite, l’accès à la politique complète
Et si on repensait ce type de communication client ?
Voici ce que j’aurais recommandé comme analys